Censure, quand tu ne te caches même plus
Petit retour sur les différents projets de censure depuis le début de l'année 2024
Retour sur quelques événements
En France
Février
Voici quelques événements récents assez perturbants (source) :
12 février 2024 : sur la base d’un rapport de Viginum, le gouvernement a fermé une vingtaine de chaînes d’informations « pro-russes » sur Telegram.
Le 13 février 2024 : le Conseil d’État a sommé l’Arcom, l’Autorité qui régule radios et télévisions en France, de mieux contrôler l’orientation idéologique de CNews.
Le 14 février dernier, l’Assemblée nationale a rétabli l’article 4 liberticide d’une loi qui vise à censurer « opinions dissidentes en médecine », comme celle du Professeur Raoult.
Le 17 février dernier est entré en vigueur le DSA, le Digital Service Act, une loi européenne voulue par Thierry Breton pour mieux censurer les réseaux sociaux.
Mars
A ceux-ci s’ajoute la loi du 6 mars 2024 sur les infractions racistes ou discriminatoires dont le texte fait frémir (source) :
La diffamation ou l’insulte non publique envers une personne ou un groupe de personnes en raison de leur origine ou de leur appartenance ou de leur non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une nation, une prétendue race ou une religion déterminée est punie d’une amende de 3 750 euros.
Est punie de la même peine la diffamation ou l’insulte non publique commise envers une personne ou un groupe de personnes en raison de leur sexe, de leur orientation sexuelle, de leur identité de genre, vraie ou supposée, ou de leur handicap.
Qui dit non-publique dit privée. Vous serez donc coupables jusque dans votre canapé.
Avril
Et ce n’est pas fini… Le 2 avril 2024 a également été voté la fameuse loi SREN, Sécurisation et Régulation de l’Espace Numérique, qui crée un nouveau délit, l’outrage en ligne, infraction très floue. Cette loi permettra aussi à l’Arcom de censurer n’importe quelle chaine sous prétexte de propagande.
Écosse
La loi qui entre en vigueur en Écosse ce 1er avril 2024 pour lutter contre le racisme est le "Hate Crime and Public Order Act". Cette loi vise à renforcer une loi de 1986 qui criminalisait les incitations à la haine raciale en l'ouvrant aux discriminations visant l'âge, le handicap, la religion, l'orientation sexuelle ou encore l'identité transgenre d'un individu. Toute incitation à la haine, qu'elle soit verbale, physique, ou écrite, qu'elle ait lieu en ligne, en public ou dans la sphère privée, peut désormais être considérée comme un crime, passible d'une peine allant jusqu'à sept ans de prison.
L’incitation à la haine est un concept très subjectif et suffisamment peu clair pour être adapté à de nombreux propos. On peut donc s’inquiéter de l’utilisation qu’en ferait une justice ayant des objectifs politiques.
Canada
Le gouvernement du Canada dépose un projet de loi labellisé C63 pour lutter contre le contenu préjudiciable en ligne.
Les contenus visés par le projet de loi sont (source) :
contenu fomentant la haine,
contenu incitant à la violence
contenu incitant à l’extrémisme violent ou au terrorisme
contenu représentant violence et intimidation contre les enfants
Comme d’habitude, on retrouve une cause noble dévoyée car, outre les abus contre les enfants que personne ne peut approuver, on retrouve les “incitations à la violence ou à la haine”. Encore une fois, ces termes génériques toujours suffisamment flou pour être utilisés à des fins politiques.
États-Unis
La proposition de loi contre Tik-Tok et contre les ingérences étrangères.
En 2024, TikTok, le réseau social chinois, est devenu un sujet de controverse entre les États-Unis et la Chine. La Chambre des représentants américaine a voté en faveur d’une proposition de loi qui prévoit l’interdiction de TikTok aux États-Unis si le réseau social ne coupe pas les liens avec sa maison mère ByteDance et plus largement avec la Chine.
Si cette loi entre en vigueur, ByteDance serait obligé de vendre TikTok dans un délai de 180 jours, sinon l’application serait exclue des boutiques d’applications d’Apple et de Google aux États-Unis. Cette proposition de loi a été adoptée à une large majorité, avec 352 votes pour sur 432.
La raison de cette proposition de loi est que TikTok est soupçonné par les autorités américaines d’être un outil d’espionnage et de manipulation des citoyens américains pour le compte du gouvernement chinois. Cependant, ces accusations ont toujours été déniées par Pékin (source).
Le réseau permet-il l’espionnage ? probablement. Le réseau chinois permet-il la manipulation ? Pas plus que Youtube, les médias américains et les autres réseaux sociaux ; en revanche, cette manipulation n’est plus en faveur des démocrates américains...
Brésil
La polémique des comptes X (Twitter)
En 2024, une controverse a éclaté entre Elon Musk et un juge de la Cour suprême du Brésil, Alexandre de Moraes.
Alexandre de Moraes est connu pour sa lutte contre la désinformation et a ordonné le blocage de comptes de personnalités influentes, la plupart étant des sympathisants de l’ex-président Jair Bolsonaro.
Elon Musk refusant de suspendre les comptes X de membres du parlement brésilien ou de journalistes, le juge a ordonné l’ouverture d’une enquête l’accusant d’une supposée « instrumentalisation criminelle de X ».
Elon Musk a réagi en attaquant le juge sur X, affirmant qu’il contesterait ses décisions judiciaires et appelant à sa démission. Musk a également déclaré qu’il était prêt à perdre tous ses revenus au Brésil et à fermer ses bureaux là-bas, affirmant que les principes sont plus importants que le profit (source).
Elon Musk : "We kept getting these demands from Judge Alexandre to suspend accounts of sitting members of the parliament and major journalists. We could not tell them that this was at the behest of Alexandre, we had to pretend that it was due to our rules" (source)
On peut constater qu’une nouvelle fois qu’Elon Musk s’oppose à la censure et aux manipulation. Il faut également rappeler qu’il s’attèle avec succès au travail herculéen de nettoyer les écuries d’Augias qu’étaient Twitter, vérolé par le FBI et le wokisme.
Réflexion sur 2024
Cette année 2024 est très particulière car elle cumule de nombreux facteurs très problématiques pour les “démocraties” occidentales :
les années covid ont mis en évidence les tendances autoritaires des démocraties ainsi que leur impréparation aux événements inattendus ;
la guerre russo-ukrainienne montre le manque de forces de l’occident ; la Russie tenant la dragée haute à tous les pays européens et aux États-Unis réunis ;
le “conflit” Israël-Gaza démontre le deux-poids-deux-mesures des occidentaux et les décrédibilise à l’international ;
l’émergence des BRICS+ qui imposent la multipolarité du monde ;
c’est une année électorale très chargée (élections européennes et états-uniennes) ;
la presse mainstream n’a jamais été aussi discréditée (source).
Depuis de nombreuses années, le pouvoir de ces démocraties occidentales se tend et répond par plus de propagande. Malheureusement, la propagande a une date de péremption et fonctionne de moins en moins car les peuples ouvrent (enfin !) les yeux. Il est maintenant impossible à ces pouvoirs de cacher leurs nombreux échecs.
Pour reprendre les études de Philippe Fabry (La structure de l’Histoire et La chute de l’empire européen), les pouvoirs centralisés chutent après un discrédit public et une défaite militaire.
En Europe, le discrédit public est démontré tous les jours par les nombreux faits de corruption, dont le meilleur exemple est la présidente de la commission européenne. La défaite militaire se profile au niveau ukrainien.
Mais n’est-il pas temps de rendre le pouvoir au peuple plutôt qu’à une élite non-élue ou mal-élue ne représentant que leurs intérêts et non plus les peuples ?
Excellent boulot! Merci.